Condannato a morte - Condamné à mort!


1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 | 24 | 25 | 26 27 | 28 | 29 | 30 | 31 | 32 | 33 | 34 | 35 | 36 | 37 | 38 | 39 | 40 | 41 | 42 | 43 | 44 | 45 | 46 | 47 | 48 | 49


XXII

De la Conciergerie.
Me voici transféré, comme dit le procès-verbal. Mais le voyage vaut la peine d'être conté. Sept heures et demie sonnaient lorsque l'huissier s'est présenté de nouveau au seuil de mon cachot.
XXII

Eccomi dunque "trasferito", come dice il processo verbale.Ma il viaggio vale la pena di essere raccontato. Suonavano le sette e mezzo quando l'usciere si è presentato di nuovo sulla soglia della mia cella. - Signore, mi ha detto, vi aspetto.

-Monsieur, m'a-t-il dit, je vous attends. -Hélas ! lui et d'autres ! Je me suis levé, j'ai fait un pas ; il m'a semblé que je n'en pourrais faire un second, tant ma tête était lourde et mes jambes faibles.
Ahimè! non era solo. Mi sono alzato e ho fatto un passo: mi è sembrato che non ne avrei potuto fare un altro, tanto avevo la testa pesante e deboli le gambe.

Cependant je me suis remis et j'ai continué d'une allure assez ferme. Avant de sortir du cabanon, j'y ai promené un dernier coup d'oeil. -Je l'aimais, mon cachot. -Puis, je l'ai laissé vide et ouvert ; ce qui donne à un cachot un air singulier.
Tuttavia mi sono rimesso e ho continuato con un portamento abbastanza sicuro. Prima di uscire dalla stanza le ho dato un ultimo sguardo. L'amavo la mia cella. Poi l'ho lasciata vuota e aperta; e questo le dava un aspetto assai singolare.

Au reste, il ne le sera pas longtemps. Ce soir on y attend quelqu'un, disaient les porte-clefs, un condamné que la cour d'assises est en train de faire à l'heure qu'il est. Au détour du corridor, l'aumônier nous a rejoints. Il venait de déjeuner. Au sortir de la geôle, le directeur m'a pris affectueusement la main, et a renforcé mon escorte de quatre vétérans.
Devant la porte de l'infirmerie, un vieillard moribond m'a crié : Au revoir !
Del resto non lo sarà per lungo tempo: per questa sera si aspetta qualcuno, dicevano i secondini, un condannato che la corte d'Assise sta preparando a quest'ora.All'angolo del corridoio ci ha raggiunto il cappellano.All'uscita della prigione il direttore mi ha preso affettuosamente le mani e ha rinforzato la mia scorta di altre quattro guardie. D'avanti alla porta dell'infermeria un vecchio moribondo mi ha gridato: - Arrivederci!

Nous sommes arrivés dans la cour. J'ai respiré ; cela m'a fait du bien. Nous n'avons pas marché longtemps à l'air. Une voiture attelée de chevaux de poste stationnait dans la première cour ; c'est la même voiture qui m'avait amené ; une espèce de cabriolet oblong, divisé en deux sections par une grille transversale de fil de fer si épaisse qu'on la dirait tricotée.
Poi siamo arrivati in cortile. Ho respirato a pieni polmoni l'aria fresca, ma per poco: una vettura con i cavalli già pronti aspettava nel primo cortile; la stessa vettura che mi aveva portato; una specie di lungo "cabriolet" diviso in due da una grata trasversale di così fitti fili di ferro da sembrare fatta a maglia. Le due parti hanno ciascuna una porta, una d'avanti, l'altra di dietro.

Les deux sections ont chacune une porte, l'une devant, l'autre derrière la carriole. Le tout si sale, si noir, si poudreux, que le corbillard des pauvres est un carrosse du sacre en comparaison.
Le due parti hanno ciascuna una porta, unad'avanti, l'altra di dietro. Il tutto così sudicio, così nero, così polveroso che il carro funebre dei morti, al confronto, è una carrozza di gala.

Avant de m'ensevelir dans cette tombe à deux roues, j'ai jeté un regard dans la cour, un de ces regards désespérés devant lesquels il semble que les murs devraient crouler. La cour, espèce de petite place plantée d'arbres, était plus encombrée encore de spectateurs que pour les galériens. Déjà la foule !
Prima di seppellirmi in quella tomba a due ruote ho lanciato uno di quegli sguardi disperatid'avanti ai quali sembra che debbano crollare anche i muri. Il cortile, una specie di piccola piazza alberata, era ancora più pieno di gente che per i forzati. Già, la folla!

Comme le jour du départ de la chaîne, il tombait une pluie de la saison, une pluie fine et glacée qui tombe encore à l'heure où j'écris, qui tombera sans doute toute la journée, qui durera plus que moi.
Les chemins étaient effondrés, la cour pleine de fange et d'eau. J'ai eu plaisir à voir cette foule dans cette boue.
Come il giorno della partenza dei "cordoni" cadeva una pioggia autunnale, una pioggia fine e gelida che cade ancora adesso mentre scrivo, che cadrà certamente tutto il giorno, che durerà più di me.Le strade erano impraticabili, il cortile pieno d'acqua e di fango, e vedendo quella folla in tutta quella poltiglia ne ebbi un po' piacere.

Nous sommes montés, l'huissier et un gendarme, dans le compartiment de devant ; le prêtre, moi et un gendarme dans l'autre. Quatre gendarmes à cheval autour de la voiture. Ainsi, sans le postillon, huit hommes pour un homme. Pendant que je montais, il y avait une vieille aux yeux gris qui disait : -J'aime encore mieux cela que la chaîne.
Siamo saliti: l'usciere e un gendarme nello scompartimentod'avanti; il prete, io e un gendarme di dietro; altri quattro gendarmi intorno alla vettura. Così, senza il cocchiere, otto uomini per uno solo. Mentre salivo, una vecchia con gli occhi grigi diceva: - Questo mi piace ancora di più della catena.

Je conçois. C'est un spectacle qu'on embrasse plus aisément d'un coup d'oeil, c'est plus tôt vu. C'est tout aussi beau et plus commode. Rien ne vous distrait. Il n'y a qu'un homme, et sur cet homme seul autant de misère que sur tous les forçats à la fois. Seulement cela est moins éparpillé ; c'est une liqueur concentrée, bien plus savoureuse.
Capii: è uno spettacolo che si abbraccia più facilmente con un solo colpo d'occhio, non c'è che un uomo, e su quest'unico uomo tanta miseria quanta su tutti i forzati messi insieme; è meno diluito; è un liquore concentrato e ben più gustoso. Uno spettacolo così bello e così comodo! Niente che distragga l'attenzione.

La voiture s'est ébranlée. Elle a fait un bruit sourd en passant sous la voûte de la grande porte, puis a débouché dans l'avenue, et les lourds battants de Bicêtre se sont refermés derrière elle. Je me sentais emporté avec stupeur, comme un homme tombé en léthargie qui ne peut ni remuer ni crier et qui entend qu'on l'enterre.
La vettura si è mossa. Passando sotto la volta del portone ha fatto un sordo rumore, poi è uscita nel viale, e i pesanti battenti di Bicêtre si sono chiusi dietro di essa. Io mi sentivo trasportare quasi stordito, come un uomo caduto in letargo che non può gridare né muoversi e che si sente sotterrare.

J'écoutais vaguement les paquets de sonnettes pendus au cou des chevaux de poste sonner en cadence et comme par hoquets, les roues ferrées bruire sur le pavé ou cogner la caisse en changeant d'ornière, le galop sonore des gendarmes autour de la carriole, le fouet claquant du postillon.
E vagamente, lontano, al di là di una nebbia, ascoltavo i sonagli attaccati ai cavalli tinnire in maniera cadenzata come se singhiozzassero, sferragliare le ruote sul selciato o suonare la tromba cambiando via, il galoppo sonoro dei gendarmi intorno al carriaggio, gli schiocchi di frusta del postiglione.

Tout cela me semblait comme un tourbillon qui m'emportait. A travers le grillage d'un judas percé en face de moi, mes yeux s'étaient fixés machinalement sur l'inscription gravée en grosses lettres au-dessus de la grande porte de Bicêtre : HOSPICE DE LA VIEILLESSE.
E mi sembrava tutto ciò, come un vento impetuoso che mi rapisse. Attraverso la grata di uno spioncino apertod'avanti a me, i miei occhi si erano fissati meccanicamente sull'iscrizione disegnata a grandi lettere sul portone di Bicêtre: «Ricovero di Vecchiaia».

-Tiens, me disais-je, il paraît qu'il y a des gens qui vieillissent là. Et, comme on fait entre la veille et le sommeil, je retournais cette idée en tous sens dans mon esprit engourdi de douleur. Tout à coup la carriole, en passant de l'avenue dans la grande route, a changé le point de vue de la lucarne.
Toh, mi dicevo, sembra ci sia della gente che invecchia dentro là. E, come si fa nel dormiveglia, rigiravo in tutti i sensi quell'idea nella mia mente intorpidita dal dolore. All'improvviso, il carriaggio, passando dal viale nella strada provinciale, ha cambiato la visuale del finestrino.

Les tours de Notre-Dame sont venues s'y encadrer, bleues et à demi effacées dans la brume de Paris. Sur-lechamp le point de vue de mon esprit a changé aussi. J'étais devenu machine comme la voiture. À l'idée de Bicêtre a succédé l'idée des tours de Notre-Dame. -Ceux qui seront sur la tour où est le drapeau verront bien, me suis-je dit en souriant stupidement.
Le torri di Nôtre-Dame sono venute a inquadrarvisi, azzurrine e mezzo nascoste nella nebbia di Parigi. Subito è cambiato anche il punto di vista della mia mente. Ero diventato una macchina come la vettura; all'idea di Bicêtre è seguita l'idea di Nôtre-Dame.Quelli che saranno sulla torre dove c'è la bandiera vedranno bene, mi sono detto sorridendo scioccamente.

Je crois que c'est à ce moment-là que le prêtre s'est remis à me parler. Je l'ai laissé dire patiemment. J'avais déjà dans l'oreille le bruit des roues, le galop des chevaux, le fouet du postillon. C'était un bruit de plus.
Credo sia stato proprio in quel momento che il prete ha ripreso a parlarmi. Io l'ho lasciato dire pazientemente: avevo già nelle orecchie il rumore delle ruote, lo scalpitìo dei cavalli, lo schiocco del postiglione; non era che un rumore di più.

J'écoutais en silence cette chute de paroles monotones qui assoupissaient ma pensée comme le murmure d'une fontaine, et qui passaient devant moi, toujours diverses et toujours les mêmes, comme les ormeaux tortus de la grande route, lorsque la voix brève et saccadée de l'huissier, placé sur le devant, est venue subitement me secouer.
Ascoltavo in silenzio quel fluire di parole monotone che assopivano i miei pensieri come il mormorio di una fontana e che mi passavanod'avanti, sempre diverse e sempre le stesse, come gli olmi della strada, quando la voce breve e sgraziata dell'usciere sedutod'avanti è venuta a scuotermi improvvisamente.

-Eh bien ! monsieur l'abbé, disait-il avec un accent presque gai, qu'est-ce que vous savez de nouveau ?
C'est vers le prêtre qu'il se retournait en parlant ainsi. L'aumônier, qui me parlait sans relâche, et que la voiture assourdissait, n'a pas répondu.
- Ebbene! signor abate - diceva con un tono quasi allegro niente di nuovo?Era verso il prete che egli si rivolgeva dicendo così. Il cappellano, che mi guardava senza interruzione e che era assordato dalla carrozza non ha risposto.

-Hé ! hé ! a repris l'huissier en haussant la voix pour avoir le dessus sur le bruit des roues ; infernale voiture ! Infernale ! En effet.
Il a continué : -Sans doute, c'est le cahot ; on ne s'entend pas. Qu'est-ce que je voulais donc dire ? Faites-moi le plaisir de m'apprendre ce que je voulais dire, monsieur l'abbé ! -Ah ! savez-vous la grande nouvelle de Paris, aujourd'hui ?
- Accidenti - ha risposto l'usciere alzando la voce per farsi sentire al di sopra del rumore delle ruote - maledetta vettura! Maledetta davvero!Poi ha continuato: - Senza dubbio, sono le scosse; non ci si sente. Che cosa dunque volevo dire? Ditemi, per piacere, cosa volevo dire, signor abate? Ah! sapete la grande notizia di Parigi, quest'oggi?

J'ai tressailli, comme s'il parlait de moi. -Non, a dit le prêtre, qui avait enfin entendu, je n'ai pas eu le temps de lire les journaux ce matin. Je verrai cela ce soir. Quand je suis occupé comme cela toute la journée, je recommande au portier de me garder mes journaux, et je les lis en rentrant.
Sono trasalito come se parlasse di me.- No- ha detto il prete, che finalmente aveva sentito - non ho avuto il tempo di leggere i giornali, questa mattina. La vedrò questa sera. Quando sono occupato tutto il giorno come oggi, raccomando al portinaio di conservarmi i giornali, e li leggo quando torno.

-Bah ! a repris l'huissier, il est impossible que vous ne sachiez pas cela. La nouvelle de Paris ! la nouvelle de ce matin ! J'ai pris la parole : -Je crois la savoir. L'huissier m'a regardé. -Vous ! vraiment ! En ce cas, qu'en dites-vous ? -Vous êtes curieux ! lui ai-je dit. -Pourquoi, monsieur ? a répliqué l'huissier.
- Bah! - ha ripreso l'usciere - è impossibile che non la conosciate.La notizia di Parigi! La notizia di questa mattina!Allora ho preso la parola: - Credo di saperla io.L'usciere m'ha guardato.- Voi! veramente!? E in tal caso, che ne dite ?- Siete curioso! - gli ho detto.

Chacun a son opinion politique. Je vous estime trop pour croire que vous n'avez pas la vôtre. Quant à moi, je suis tout à fait d'avis du rétablissement de la garde nationale. J'étais sergent de ma compagnie, et, ma foi, c'était fort agréable. Je l'ai interrompu. -Je ne croyais pas que ce fût de cela qu'il s'agissait. -Et de quoi donc ? Vous disiez savoir la nouvelle... -Je parlais d'une autre, dont Paris s'occupe aussi aujourd'hui. L'imbécile n'a pas compris ; sa curiosité s'est éveillée.
Perché, signore? - ha replicato l'usciere. - Ognuno ha la sua opinione politica, e io vi stimo troppo per credere che voi non abbiate la vostra. Per quello che mi riguarda, io sono senz'altro del parere di ristabilire la guardia nazionale; ero sergente della mia compagnia e, vi assicuro era una cosa molto piacevole. L'ho interrotto.- Io non credevo che si trattasse di questo.- E di che cosa dunque? Voi dicevate di sapere la notizia...- Ma io parlavo di un'altra, di cui pure si occupa oggi Parigi.L'imbecille non ha compreso; la sua curiosità si è risvegliata.

-Une autre nouvelle ? Où diable avez-vous pu apprendre des nouvelles ? Laquelle, de grâce, mon cher monsieur ? Savez-vous ce que c'est, monsieur l'abbé ? Êtes-vous plus au courant que moi ? Mettez-moi au fait, je vous prie. De quoi s'agit-il ? -Voyez-vous, j'aime les nouvelles. Je les conte à monsieur le président, et cela l'amuse.
- Un'altra notizia? Dove diavolo avete potuto sentire delle notizie ?E quale, di grazia, caro signore? Voi sapete di cosa si tratti, signor abate? Siete più al corrente di me? Di grazia, raccontatemi la faccenda. Di cosa si tratta? Vedete, a me piacciono le notizie; le racconto al signor presidente e lui si diverte.

Et mille billevesées. Il se tournait tour à tour vers le prêtre et vers moi, et je ne répondais qu'en haussant les épaules. -Eh bien ! m'a-t-il dit, à quoi pensez-vous donc ?
E mille altre storie; si girava alternativamente verso il prete e verso di me e io non rispondevo che alzando le spalle.- Ebbene! - mi ha detto alla fine - a cosa dunque pensate?

-Je pense, ai-je répondu, que je ne penserai plus ce soir. -Ah! c'est cela ! a-t-il répliqué. Allons, vous êtes trop triste ! M. Castaing causait.
Puis, après un silence : -J'ai conduit M. Papavoine ; il avait sa casquette de loutre et fumait
son cigare. Quant aux jeunes gens de La Rochelle, ils ne parlaient qu'entre eux. Mais ils parlaient.
- Penso, gli ho risposto, che questa sera non penserò più.- Ah! è questo! - ha replicato - andiamo, siete troppo triste! Il signor Castaing discorreva piacevolmente.E poi dopo un silenzio:- Io ho condotto il signor Papavoine: aveva il suo berretto di lontra e fumava il suo sigaro. Quanto ai giovanotti de la Rochelle, non parlavano che tra di loro. Ma parlavano.

Il a fait encore une pause, et a poursuivi : -Des fous ! des enthousiastes ! Ils avaient l'air de mépriser tout le monde. Pour ce qui est de vous, je vous trouve vraiment bien pensif, jeune homme. -Jeune homme ! lui ai-je dit, je suis plus vieux que vous ; chaque quart d'heure qui s'écoule me vieillit d'une année.
Ha fatto ancora una pausa ed ha continuato.- Dei pazzi! degli entusiasti; avevano l'aria di disprezzare tutti quanti. Ma per quel che vi riguarda, veramente, vi trovo troppo preoccupato, giovanotto.- Giovanotto! - gli ho detto - sono più vecchio io di voi; ogni quarto d'ora che passa mi invecchia di un anno.

Il s'est retourné, m'a regardé quelques minutes avec un étonnement inepte, puis s'est mis à ricaner lourdement. -Allons, vous voulez rire, plus vieux que moi ! je serais votre grandpère.
-Je ne veux pas rire, lui ai-je répondu gravement.
Lui si è girato, mi ha guardato qualche minuto con inebetito stupore, poi si è messo a sghignazzare sconciamente.- Andiamo, voi volete ridere, più vecchio di me! Potrei essere vostro nonno!- Non voglio ridere affatto - gli ho risposto gravemente.

Il a ouvert sa tabatière. -Tenez, cher monsieur, ne vous fâchez pas ; une prise de tabac, et ne me gardez pas rancune. -N'ayez pas peur ; je n'aurai pas longtemps à vous la garder.
Lui allora ha aperto la tabacchiera.- Prendete, caro signore, non offendetevi, una presa di tabacco e non serbatemi rancore.- Non abbiate paura: non avrò molto tempo per essere in collera con voi.

En ce moment sa tabatière, qu'il me tendait, a rencontré le grillage qui nous séparait. Un cahot a fait qu'elle l'a heurté assez violemment et est tombée tout ouverte sous les pieds du gendarme.
-Maudit grillage ! s'est écrié l'huissier.
In quel momento la tabacchiera che mi tendeva era vicino alla grata che ci separava; un sobbalzo della vettura ve l'ha fatta urtare violentemente, ed essa è caduta, completamente aperta, sui piedi del gendarme. - Maledetta grata! - ha esclamato l'usciere.

Il s'est tourné vers moi. -Eh bien ! ne suis-je pas malheureux ? tout mon tabac est perdu ! -Je perds plus que vous, ai-je répondu en souriant. Il a essayé de ramasser son tabac, en grommelant entre ses dents : -Plus que moi ! cela est facile à dire. Pas de tabac jusqu'à Paris ! c'est
terrible !
Poi si è girato verso di me.- Ebbene! non sono sfortunato? Ecco che ho perduto tutto il tabacco!- Eh! Io perdo più di voi - gli ho risposto sorridendo.Egli ha cercato di raccogliere il tabacco, borbottando tra i denti:- Più di me! Si fa presto a dirlo. Niente tabacco fino a Parigi! E' terribile.

L'aumônier alors lui a adressé quelques paroles de consolation, et je ne sais si j'étais préoccupé, mais il m'a semblé que c'était la suite de l'exhortation dont j'avais eu le commencement. Peu à peu la conversation s'est engagée entre le prêtre et l'huissier ; je les ai laissés parler de leur côté, et je me suis mis à penser du mien.
Il cappellano, allora, gli ha detto qualche parola per consolarlo, e io non so se fossi preoccupato, ma certo mi è sembrato che fosse il seguito dell'esortazione di cui io avevo avuto il principio. A poco a poco la conversazione si è intavolata tra il prete e l'usciere; li ho lasciati parlare per conto loro e mi sono messo a pensare per conto mio.

En abordant la barrière, j'étais toujours préoccupé sans doute, mais Paris m'a paru faire un plus grand bruit qu'à l'ordinaire.
Nell'avvicinarmi alle porte ero sempre preoccupato, senza dubbio, ma mi è parso che Parigi risuonasse più rumorosa del solito.

La voiture s'est arrêtée un moment devant l'octroi. Les douaniers de ville l'ont inspectée. Si c'eût été un mouton ou un boeuf qu'on eût mené à la boucherie, il aurait fallu leur jeter une bourse d'argent ; mais une tête humaine ne paie pas de droit. Nous avons passé.
La vettura si è fermata un attimod'avanti al dazio e gli agenti l'hanno ispezionata. Se si fosse trattato di un montone o di un bue da portare al macello si sarebbe dovuto dare loro una borsa d'argento; ma una testa d'uomo non paga balzelli. E siamo passati.

Le boulevard franchi, la carriole s'est enfoncée au grand trot dans ces vieilles rues tortueuses du faubourg Saint-Marceau et de la Cité, qui serpentent et s'entrecoupent comme les mille chemins d'une fourmilière.
Superato il viale, la carrozza si è infilata al gran trotto in quelle vecchie vie tortuose del quartiere Saint-Marceau e del centro che serpeggiano e si tagliano tra loro come le infinite gallerie di un formicaio.

Sur le pavé de ces rues étroites le roulement de la voiture est devenu si bruyant et si rapide que je n'entendais plus rien du bruit extérieur. Quand je jetais les yeux par la petite lucarne carrée, il me semblait que le flot des passants s'arrêtait pour regarder la voiture, et que des bandes d'enfants couraient sur sa trace.
Sul selciato di quelle vie strette il rotolìo è diventato così rapido e fragoroso che non sentivo più niente dei rumori che venivano dal di fuori. Quando gettavo gli occhi attraverso la piccola inferriata, mi sembrava che la folla dei passanti si fermasse per guardare la vettura e che dei branchi di ragazzi le corressero dietro.

Il m'a semblé aussi voir de temps en temps dans les carrefours çà et là un homme ou une vieille en haillons, quelquefois les deux ensembles, tenant en main une liasse de feuilles imprimées que les passants se disputaient, en ouvrant la bouche comme pour un grand cri.
E mi è sembrato anche di vedere ogni tanto, qua e là agli incroci, un uomo o una vecchia cenciosi, a volte tutti e due insieme, con in mano un mazzo di fogli stampati che i passanti si disputavano aprendo la bocca come per un grande urlo.

Huit heures et demie sonnaient à l'horloge du Palais au moment où nous sommes arrivés dans la cour de la Conciergerie. La vue de ce grand escalier, de cette noire chapelle, de ces guichets sinistres, m'a glacé. Quand la voiture s'est arrêtée, j'ai cru que les battements de mon cœur allaient s'arrêter aussi.
Suonavano le otto e mezzo all'orologio del Tribunale quando siamo arrivati nel cortile della "Conciergerie". La vista di quel grande scalone, di quelle guardie sinistre mi ha agghiacciato. Quando la vettura si è fermata ho creduto che stessero per fermarsi anche i battiti del mio cuore.

J'ai recueilli mes forces ; la porte s'est ouverte avec la rapidité de l'éclair ; j'ai sauté à bas du cachot roulant, et je me suis enfoncé à grands pas sous la voûte entre deux haies de soldats. Il s'était déjà formé une foule sur mon passage.
Ho raccolto le mie forze; la porta si è aperta con la rapidità del lampo, sono saltato giù dalla prigione semovente e mi sono frettolosamente infilato sotto la volta tra due file di soldati. Sul passaggio si era già formata una folla.





contatto informazione legale consenso al trattamento dei dati personali